Israël Adam Shamir, miroir de notre temps
Publié le 24/06/2020
par Jacques Vecker
J'ai reçu le livre de Israël Adam Shamir «Aau nom du Christ » il y a plusieurs mois. Je devais en faire une recension. Je ne savais pas par quel bout le prendre. Cet écrivain-journaliste-politologue russe, juif israélien converti au christianisme, inclassable chercheur de vérité, lanceur d'alerte à sa façon, suédois d'adoption je suppose par nécessité de liberté éditoriale, à l'aise sous tous les cieux, ce Shamir que j'avais découvert à propos de la Palestine martyrisée tient des propos que seul un Juif peut tenir sur les Juifs sans devenir la cible de drones du Mossad. Enquêteur infatigable il débusque les fausses informations, les manipulations historiques et se pose des questions là même où personne ne se permet d'en poser. Staline fut-il le monstre que l'on dit, Hitler a-t-il vraiment songé à exterminer les Juifs, les Etats-Unis sont-ils soumis à Israël ? Il répond d'ailleurs clairement à cette dernière question, sans détour, sans ambiguïté. Il ose proposer de « mesurer Juifs et non-Juifs à la même aune que le reste de l'humanité » et constate que la seule infraction appelant une punition est « l'offense envers les Juifs » ! Pourquoi cette « adoration universelle pour les Juifs ? »
Il est des domaines où l'on ne se risque plus de s'aventurer sauf à s'offrir à la répression, à la mort sociale ou à la prison. Shamir échappe à toutes les malédictions mais ses livres sont souvent mis à l'index. Il rejoint l'heureux Gerard Menuhin qui écrivit à propos du national-socialisme, à visage et à mots découverts « Tell the truth and shame the Devil » (Dire la vérité et faire honte au diable) et tant d'autres moins connus qui osent se plonger dans les arcanes de la malignité juive et dans les méandres des successives traductions de la bible.
Les plus radicales affirmations se mêlent à des considérations linguistiques qui raviront les esthètes. L'église, ou plutôt l'Église redevient sous sa plume ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être une assemblée de croyants arrimée au message fondamental du Christ « Aime ton prochain comme toi-même » et autres sages conseils.
Au cœur de la pensée de Shamir, depuis que je la suis, se trouve l'égalité entre Juifs et Palestiniens. J'assistais un jour dans ma ville à une rencontre organisée par les amis de la Palestine à laquelle participaient des invités palestiniens présentant leurs produits et décrivant la réalité locale. Croyant bien faire, avant que le public ne se retire, j'ai proposé l' ouvrage de Shamir « L'autre visage d'Israël » J'ignorais qu'il n'était pas casher et que l'amour de Shamir pour les Palestiniens n'était pas acceptable car ce Shamir en d'autres occasions ne se voulait pas aveuglement shoahcompatible. Je fus vertement remercié et je dus garder pour moi mon intérêt pour ce peuple spolié. Je dois à la vérité de préciser que je ne devais pas non plus être considéré comme shoahcompatible.
Il semblerait, si l'on suit bien Shamir, que le destin des Juifs soit de devenir chrétiens et d'abandonner tout ce qui dans leurs textes sacrés apparaît comme barbare, génocidaire, intolérant, raciste. Jésus n'a-t-il pas prononcé à leur endroit ces paroles définitives : « Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre.» Une inversion totale de la conscience humaine. Il n'y a plus de peuple élu mais uniquement des enfants de Dieu... Ce que vos textes sacrés vous ont enseigne tout au long de l'ancien testament est obsolète. Je vous apporte la vérité et le destin de tous les Juifs est de me suivre. Je suis la vérité et la vie. Et Shamir se convertit, prit le prénom Adam et devint Israël Adam Shamir. On retrouve chez lui l'essentiel de la réflexion présente dans l'ouvrage de Georges Krassovski « Ce que Jésus voulait dire » magnifié encore par un Russe à l'esprit libre qui prendrait avantageusement place aux côtés de « Au nom du Christ »et de tous les testaments, particulièrement l'ancien. Comme beaucoup de contemporains non anglo-saxons hélas Israël Adam écrit en anglais mais il est magnifiquement traduit par Maria Poumier.